Quand on m’a présenté mon rôle de «conférencière» pour aujourd’hui c’était pour « venir parler en tant que représentante de la jeune relève pleine d’ambitions»! Donc je me suis demandée c’était quoi MES ambitions et par la bande les ambitions possiblement de cette jeune relève!

1ère ambition : avoir une job!
Ambition personnelle partagée par beaucoup de la relève! On est plusieurs de ma génération qui aiment bien faire des études donc on a envie d’étudier quelque chose qui nous intéresse. Mais on pense pas toujours à la job qui nous attend après et on peut donc se retrouver avec moins de possibilités d’emploi.

Le milieu archivistique règle le problème! Tous les bacs mènent aux archives. Le milieu accueille des gens de tous les horizons dans ses programmes d’études - des bac en sciences, en littérature, en enseignement, peu importe l’archivistique peut vous faire une place!
Et cette ouverture est un atout pour le milieu archivistique, puisque de cette façon tout le monde apporte ses forces et intérêts personnels et le milieu s’enrichie de visions différentes!

2ème ambition : pas trouver sa job plate!
Personne a envie de travailler pendant 30, 20, 10 ans dans un emploi plate et pas stimulant.

Encore une fois, le milieu archivistique arrive à la rescousse! Un emploi en archivistique c’est pas un monolithe, un bloc constitué d’un élément et voilà on a un emploi d’archiviste.
Il existe des centaines de types de milieu où peut se retrouver un archiviste, dans le milieu public ou privé, dans une entreprise pharmaceutique ou chez Moment Factory, dans un ministère ou au Cirque du Soleil! Il existe même des archivistes consultants qui vont à la recherche de milieux stimulants dans lesquels travailler.

Moi-même avec ma toute jeune carrière j’ai déjà accumulé des expériences dans plein de milieux différents, aux archives nationales / en pharmaceutique / dans un journal / avec mon association étudiante / au municipal - à la ville de Montréal et une ville des Laurentides. Et je me prépare pour un stage de 3 mois en Suisse.

Donc trouver qu’un emploi en archivistique est un emploi ennuyant, c’est prouver qu’on ne connaît pas l’archivistique ou prouver qu’on est soi-même ennuyant!

3ème ambition : travailler pour plus qu’un salaire!
On veut tous gagner notre vie, mais on veut aussi pour la plupart avoir le sentiment que notre quotidien sert à quelque chose de plus grand que nous.
Comme notre emploi est une partie importante de notre quotidien ça devient un élément assez important dans ce désir de se dépasser.

Transcendance : « caractère d'une cause qui agit sur quelque chose qui est différent d'elle, qui lui est supérieur. » « indique l'idée de dépassement » « le caractère de ce qui est transcendant, c'est-à-dire qui est au-delà du perceptible et des possibilités de l’entendement. »

Et bien je vais osé aujourd’hui et dire qu’être archiviste est le meilleur moyen pour vivre la transcendance au quotidien!
Travailler à la constitution de la mémoire d’un individu, d’un organisme, d’un mouvement, d’une société.
Transmettre cette mémoire, partager les connaissances qu’elle porte.
Tout ça permet de se sentir partie prenante d’un ensemble plus grand que soi, qu’on soit archiviste en archives historique ou en gestion documentaire.

Donc aujourd’hui le thème de l’atelier tourne autour des émotions et des archives, le dada de nos deux organisatrices. Je pense que je vous ai parlé déjà en 3 minutes de pas mal d’émotions qui ont suivi mon parcours dans le milieu des archives. L’ambition, l’insécurité, la passion, la curiosité, le désir de se dépasser ou de dépasser sa propre individualité.

Mais évidemment il y a d’autres types d’émotions qui peuvent être soulevées au quotidien durant notre travail. Comme on m’a reproché de pas avoir assez personnaliser ma présentation je vous offre pour terminer un des moments dernièrement où j’ai cru que j’allais vomir face à des archives et non c’était pas parce que j’ai découvert un nid de coquerelles dans la voûte.

J’ai eu la chance d’avoir un petit contrat aux Archives de la Ville de Montréal après mon stage au printemps. Je décrivais à la pièce des documents du fonds A-Léo Leymarie, un amalgame de cartes, documents iconographiques et autres. Entre deux cartes des anciens comtés du Québec, je tombe sur ce document-ci...

intitulé « La clé du mystère », une revue avec plein de phrase «ésotériques» sur la page couverture. Je me dis trop drôle - une revue d’astrologie des années 30! J’ouvre la revue et me mets à feuilleter et je lis page après page sur comment les juifs sont la plaie de l’humanité, la raison du déclin de la civilisation et lis noir sur blanc qu’ils sont le diable en personne. Un peu sous le choc, je me tourne vers le grand sage de notre époque - Google! et je découvre un personnage de l’histoire québécoise qui m’était complètement inconnu - Adrien Arcand; l’auteur de cette revue pamphlétaire, fervent fédéraliste, anglophile et antisémite à tendance nazie. Le genre de gars que tu veux avoir comme voisin ou collègue!

Donc voilà une instance où les archives peuvent nous faire vivre de fortes émotions, quand elles nous mettent face à la haine du passé, quand elles nous font découvrir un personnage qui nous était complètement inconnu et qu’on aurait préféré qu’il n’existe pas. Mais c’est ça des archives aussi. Tout est pas rose dans la vie, dans notre société, dans notre passé et ce même au Québec.
On doit garder des traces de ces événements.
Donc même si on ne l’a pas appris à l’école, les archives sont là pour nous le faire découvrir ou nous le rappeler. Et la relève est là pour s’assurer que ces archives vont être conservées!